Le Coronavirus frappe plus fort en cas d’obésité

L’obésité et le surpoids sont connus depuis longtemps comme facteurs de risque cardiovasculaire. Avec la progression de la pandémie de Covid-19 et le nombre toujours croissant de personnes infectées, de nouvelles tendances apparaissent : il semble maintenant que les personnes en surpoids ou obèses sont également plus susceptibles d’être touchées par les formes graves de l’infection.

Quelle est l’étendue du phénomène ? Qui est touché ?

Cette observation semble particulièrement vraie chez les personnes jeunes. Ceci peut sembler paradoxal puisque que jusqu’à présent l’impact de l’infection semblait être associé à un âge avancé. Par exemple, le Pr Yazdan Yazdanpanah, (chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Bichat, Paris) a déclaré au Figaro le 4 avril que « plus de 80 % des moins de 50 ans qui se trouvent en réanimation chez nous à cause du Covid-19 sont dans ce cas ». Hors de France, une tendance similaire se dessine en Grande Bretagne où un rapport officiel portant sur les personnes hospitalisées dans plusieurs établissements britanniques a montré que 72 % des personnes placées en soins intensifs étaient en surpoids ou obèses, soit beaucoup plus que dans la population générale. La situation semble encore plus préoccupante aux Etats-Unis où environ 40% de la population est obèse et où il semble de nouveau ressortir un lien entre nombre de personnes obèses et sévérité de l’infection au Coronavirus. Ainsi à la Nouvelle-Orléans, où la proportion de personnes obèses largement au-dessus de à la moyenne nationale, le taux de mortalité lié au Covid-19 est deux fois plus élevé qu’à New York et quatre fois plus qu’à Seattle.

Quelles sont les causes ?

Pour l’instant le ou les mécanismes biologiques responsables de ce risque accrus sont encore à l’état de spéculations mais plusieurs pistes sont possibles. D’une part, l’obésité pourrait être une cause indirecte puisqu’elle est associée à d’autres facteurs aggravants de l’infection : le diabète et l’hypertension. D’autre part, l’hypothèse d’un dérèglement du système immunitaire est en train d’émerger. En effet, il est connu depuis plusieurs années que lorsque les adipocytes (cellules graisseuses) connaissent un engorgement excessif en graisses, ils attirent et stimulent plusieurs types cellulaires impliqués dans la réponse inflammatoire. Si la réponse inflammatoire est un lanceur d’alerte indispensable à mise en place du système de défense de notre organisme contre l’infection virale, elle devient néfaste si elle n’est pas régulée ou se prolonge de manière excessive. Ainsi, plusieurs observations semblent montrer que de nombreux morts ou cas graves liés au Covid-19 sont dus à un « orage » inflammatoire tardif : certains acteurs du système immunitaire se retournent alors contre notre propre organisme et causent de graves dommages au système cardiovasculaire ou à d’autres organes.

Que faire ?

Pour l’instant, les détails exacts de l’association entre obésité, surpoids et impact de l’infection aux Coronavirus sont encore mal compris, et il est donc difficile de déterminer si les personnes concernées doivent faire l’objet d’une prise en charge particulière en cas d’infection. Néanmoins, les mesures de prévention doivent être particulièrement respectées. Il reste en premier lieu nécessaire de ralentir au maximum la progression du coronavirus dans la population, et donc à respecter au mieux les règles de confinement et de maintien des barrières. Plus spécifiquement, le Ministère de la Santé a annoncé le 18 mars que les personnes « présentant une obésité morbide, avec un indice de masse corporelle (IMC) égal ou supérieur à 40, et constituant ainsi des sujets à risque » peuvent demander à être mises en arrêt de travail.

Par ailleurs, nous vous rappelons que vous ne devez pas interrompre un traitement médical, quel qu’il soit, de votre propre volonté. Il vous faut en cas de doute appeler votre médecin traitant, ou en cas de symptôme inquiétant (difficultés respiratoires, fièvre importante > à 38°5, toux excessive…), appeler les services d’urgence (n°15).

Pour plus de détails, vous pouvez consulter cet article de Sciences et Avenir